Exceptionnel de maturité, Casey Stoner a une nouvelle fois démontré à quel point il apprenait vite. Avec vingt Grands Prix à peine pour seule expérience du haut niveau, le jeune Australien, 21 ans, s'est adjugé dimanche une deuxième victoire cette saison - doublant ainsi l'écot de son palmarès naissant. Un succès probant qui n'aura souffert d'aucune contestation au vu des circonstances de la course et qui permet au pilote Ducati de chiper les rênes du championnat à Valentino Rossi. Lequel, piégé par ses pneumatiques, a dû se contenter du dixième rang.
Non le maître n'est pas mort. Il n'est pas à l'agonie non plus. Peut-être ne jouit-il simplement pas d'une monture digne de son rang. Casey Stoner, lui, est toujours en phase d'apprentissage. Mais force est d'admettre que, porté par un bolide dont la vélocité n'a d'égale que la fiabilité, l'élève, en pleine croissance, n'a pas froid aux yeux. Si bien que Valentino Rossi doit certainement deviner en lui un nouveau rival de taille. Pas un successeur, non - le docteur est trop fier pour cela - mais un impétueux talent à marquer de près. Un ersatz de Dani Pedrosa en somme.
Il y sept ans maintenant, le mythique numéro 46 débarquait dans la catégorie reine comme un chien dans un jeu de quille, fort de deux titres de champion du monde glanés aux échelons inférieurs. Deuxième à l'issue de sa saison de transition, "Val" avait gravi l'ultime marche qui menait à la gloire dès l'année suivante. L'an passé, Casey stoner découvrait tout juste le gratin du deux roues. Septième au final sans le moindre podium à se mettre sous la dent, le prodige australien s'est manifestement adonné aux devoirs de vacances avec assiduité durant l'intersaison.
Rossi perd son trône virtuel
En l'espace de trois Grand Prix seulement, le coéquipier de Loris Capirossi - initialement leader des rouges de Ducati - a ouvert son palmarès et s'est attelé à lui donner du volume. Cinquième la semaine dernière à Jerez, en Espagne, Casey Stoner est d'une telle régularité que le voici d'ores et déjà aux commandes du championnat aux dépens de Valentino Rossi. Une petite sensation que l'hommes des antipodes doit en partie aux aléas d'un Grand Prix peu avare en rebondissements.
A peine le tour de chauffe bouclé sur Istanbul Park que trois pilotes - dont deux prétendants sérieux à la gagne - se retrouvaient sur le carreau. Dani Pedrosa heurtait Olivier Jacque et Colin Edwards, la doublure de Valentino Rossi, subissait de plein fouet les dommages collatéraux. Parti en pole, le docteur devait alors maîtriser les assauts de l'armada Ducati et cédait coup sur coup devant la maestria de Casey Stoner et l'audace - pour ne pas dire l'inconscience - de Toni Elias.
Commençait alors une véritable descente aux enfers pour le phénomène italien qui, victime de l'usure prématurée des pneumatiques confectionnés par Bibendum, subissait la loi des Hopkins, Melandri, Capirossi, Barros et Hayden, tous équipés de Bridgestone à l'exception du champion du monde sortant. Randy de Puniet, auteur d'une course courageuse et finalement huitième, s'offrait même le luxe de coiffer au poteau la légende, à l'instar d'un Hofmann revenu du diable vauvert. Dixième à l'arrivée, Valentino Rossi pointe dorénavant en deuxième position du classement général, à dix longueurs d'un pilote qui donnera certainement du fil à retordre d'ici la fin de saison.