Valentino Rossi, multiple champion du monde déchu de son trône l'an passé, est prévenu: la reconquête de son titre ne sera pas une sinécure. Battu samedi après-midi par Casey Stoner sur le circuit de Losail, à Doha, en ouverture de la saison 2007, "il dottore" a pu mesurer à ses dépens le gouffre mécanique qui séparait sa Yamaha de la Ducati du jeune Australien. L'Espagnol Dani Pedrosa, troisième au guidon de sa Honda sur la piste qatarie, devrait en outre cette année encore mettre des bâtons dans les roues du prodige italien.
D'accord, Valentino Rossi, du haut de son statut de septuple champion du monde toutes catégories confondues, garde la faveur des pronostics cette saison encore. D'accord, le putsch de Nicky Hayden, l'an passé, ressemble plus à un accident de parcours qu'à l'annonce ferme et définitive d'une fin de règne. D'ailleurs, le docteur en personne s'était chargé dans la semaine d'apporter le meilleur des démentis à ce crépuscule de carrière, en décrochant sa 37e pole position dans la catégorie reine.
Seulement, la notoriété, le talent et la volonté ne font pas tout. Aussi agile et pugnace soit Valentino Rossi, ses performances dépendent avant tout des ressources de sa monture. Déjà quelque peu désavantagé sur ce point la saison dernière, au vu des capacités des seules Honda Repsol, le pilote transalpin devra à nouveau compter davantage sur ses aptitudes de funambule, plutôt que sur le potentiel de son bolide, pour prétendre au sacre en fin d'exercice. Un retour sous les feux de la rampe de l'ordre du véritable défi.
Rossi en challenger ?
Difficile en effet de compenser une différence de 15 km/h en vitesse de pointe. Lors des qualifications, vendredi, la Ducati de Casey Stoner et Loris Capirossi flirtait avec les 325 km/h lorsque la Yamaha de "Val" peinait à atteindre les 310 km/h. Un handicap manifeste pour l'écurie japonaise qui n'a pas manqué de se traduire en course. Bien qu'en tête de meute au départ de l'épreuve qatarie, Valentino Rossi a rapidement cédé l'orchestration des débats au héros du jour, chassé de surcroît par son rival attitré, l'Espagnol Dani Pedrosa.
Débarrassé de Loris Capirossi, troisième du championnat 2006 mais victime d'une chute dès les premiers tours de piste, ainsi que de Nicky Hayden, pâle champion du monde échoué au huitième rang, "il dottore" a bien tenté de faire la décision dans les ultimes kilomètres de la course mais son estocade envers Casey Stoner, portée à quatre boucles du terme des hostilités, n'a pas fait illusion longtemps, le jeune australien ayant su profiter de la puissance de sa Ducati dans la ligne droite suivante pour doucher l'enthousiasme du n°46 et ainsi s'octroyer la premier succès de sa carrière dans la catégorie suprême.
Côté tricolore, cette mise en bouche n'aura pas livré de grands enseignements. Si Olivier Jacque et Sylvain Guintoli quittent Losail crédités des douzième et quinzième temps, Randy de Puniet n'a pu exploiter sa belle huitième position initiale, surpris par les soubresauts de sa Kawasaki dès le huitième tour.